Publié le 6 octobre 2023
Hop La Transition est une association citoyenne implantée en Alsace depuis 2022. Ses membres agissent pour préserver les conditions d’habitabilité de la Terre aujourd’hui menacées, et croient en la nécessité d’une conscience collective des enjeux climatiques et environnementaux.
Afin d’encourager cette prise de conscience collective, l’association est convaincue de la nécessité de comprendre pour agir. À travers des outils comme la Fresque du climat, mais aussi d’autres animations, ateliers et conférences, le grand public, les collectivités et les entreprises découvrent les causes et les conséquences des enjeux tels que le changement climatique, la biodiversité, la mobilité ou l’alimentation. Ces diverses animations permettent à tout le monde de comprendre facilement le fonctionnement, l’ampleur et la complexité des enjeux liés aux dérèglements climatiques. Elles constituent également un outil important permettant d’alerter les citoyennes et les citoyens sur le rôle de chacune et de chacun pour contribuer et prendre sa part dans la réussite de la transition énergétique, l’une des préconisations du rapport du Conseil du Développement de l’Eurométropole de Strasbourg.
À l’occasion de cette première année d’activité, nous avons posé quelques questions à Audrey Studer et Ludovic Grassl, qui, ensemble avec Adrien Lacroix, Jules Freyermuth, Grace Diby et Yoann Tresy co-président le bureau de l’association Hop La Transition créée en avril 2022.
Essayons de faire la rétrospective de cette première année bien remplie : quel chemin avez-vous parcouru ?
Hop La Transition a été créée le 6 avril 2022 par 6 personnes convaincues qu’il est temps de bouger les choses face à l’urgence d’agir afin de préserver une planète habitable pour nous, ainsi que pour toutes les futures générations. Nous avons été agréablement surpris de la façon dont notre activité s’est développée, nous ne nous attendions pas à un tel succès, cela nous motive !
Durant cette première année d’activité, nous avons organisé 60 ateliers qui ont touché 1000 personnes. Notre défi a été également d’être présent partout en Alsace, et pas seulement sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg. Afin d’y parvenir, nous avons créé des antennes locales en sortant de grandes agglomérations. Aujourd’hui, nos 10 antennes se situent par exemple à Mulhouse ou à Haguenau, mais aussi dans des zones moins denses. Hop La Transition compte actuellement une centaine d’adhérents, des particuliers qui sont également des animateurs ; leur vocation est de sensibiliser et de vulgariser les thématiques liées au changement climatique. Un de nos objectifs à court terme est de développer des outils de sensibilisation autres que les fresques, des formats plus courts et plus longs. Nous souhaitons également renforcer notre communication à travers le site web et les réseaux sociaux.
Comment l’idée de créer votre association a-t-elle germée ?
Tout a commencé quand plusieurs personnes, toutes inspirées par des histoires différentes, se sont rassemblées avec un objectif commun : créer un réseau afin de fédérer des hommes et des femmes et mettre en commun la force du collectif afin d’impulser un véritable changement ! Nous avons voulu rassembler de manière apolitique et laïque, être perçus comme des vulgarisateurs scientifiques et non des militants. L’idée est d’être le plus inclusif possible, et de prouver que le changement climatique est l’affaire de toutes et de tous, quelles que soient les convictions ou la couche sociale. On parle à tout le monde avec un discours rationnel, scientifique et prouvé. Notre ambition est de porter des données factuelles qui permettent le débat sur les solutions à mettre en place. On veut rassembler plutôt que cliver. On n’a plus le temps. Le clivage ne nous apportera pas grand-chose face à l’urgence d’agir. Faisons toutes et tous ensemble un pas vers la préservation du vivant en bonne intelligence !
Quelle est votre démarche pour sensibiliser le plus grand nombre de personnes ?
Nous partons du principe que nous ne sommes qu’une partie du processus. On veut planter la graine, laisser les autres comprendre pour agir. Notre ambition est de faire en sorte que la graine germe, chacune et chacun se mettra en marche à son rythme, même s’il ne faut pas oublier l’urgence d’agir immédiatement. Lors de nos ateliers nous mettons également en avant des initiatives locales qui permettent de traduire les connaissances en actions concrètes. Un des exemples est l’offre de l’Agence du climat, vitrine locale des solutions (transports, énergies renouvelables, végétalisation) qui permet de passer à l’action.
Certaines personnes participant aux ateliers se sentent seules et limitées dans leur espace professionnel ou personnel. Ce sentiment est parfois dû à l’incompréhension ou le déni de leur entourage. Chez nous, ils trouvent un espace d’expression. Nous, en tant qu’animatrices et animateurs, nous essayons de devenir des exemples positifs et de diffuser ces connaissances autour de nous, de lever les freins psychologiques, de partager de bonnes idées et de bonnes pratiques. Nous souhaitons changer le visage de l’éducation aux enjeux environnementaux, dont le climat fait partie.
Avez-vous parfois affaire au sentiment d’éco-anxiété ?
Oui, cela arrive. L’action est le meilleur moyen pour lutter contre l’éco-anxiété. Ce qui aide également, c’est l’ancrage régional de notre association. Le choix de créer un tel réseau sur un territoire précis, alsacien, permet de développer des initiatives et nouer des relations et même des amitiés ! Cela rend visible l’ensemble du réseau mobilisé autour de l’action, ce qui est extrêmement motivant et encourage à aller de l’avant. Il est important que les Alsaciens se rendent compte que les choses commencent à changer, que la gravité de la situation commence à être comprise. Il faut que ça se sache encore plus largement pour propager cette prise de conscience, ainsi que l’élan d’agir, pour pouvoir donner de l’espoir.
Comment peut-on pousser les gens à l’action ? L’information suffit selon vous ou y a-t-il un levier supplémentaire à actionner ?
Le plus important est de développer des infrastructures en parallèle des actions de sensibilisation. Si l’on encourage quelqu’un à choisir des mobilités actives, il faut que cela puisse se faire en sécurité et facilement, cela passe notamment par le développement des pistes cyclables et l’étoffement de l’offre des transports. Nous avons toutes et tous des choses à désapprendre, cela est une tâche difficile ! Les alternatives à la voiture individuelle doivent être faciles à utiliser. De plus, l’information ne suffit pas, il faut la compléter avec l’inspiration, la mise en avant des initiatives, l’exemplarité.
Notre rôle est d’accompagner les gens au changement, de permettre de briser des préjugés, de démontrer que changer ses habitudes est faisable et qu’on peut y gagner (en termes de santé, de pouvoir d’achat ou grâce à une planète vivable). Nous sommes également conscients que les problématiques rurales sont différentes des problématiques urbaines, d’où la création de nos antennes locales. Pour conclure, le passage de la voiture individuelle vers d’autres mobilités nécessite des compétences à acquérir, par exemple savoir entretenir son vélo. C’est pourquoi nous renvoyons vers des acteurs compétents selon les différents domaines.
On dit souvent qu’une vraie transition n’est pas possible sans justice sociale. Qu’en pensez-vous ? Y a-t-il des différences entre le message destiné aux personnes aisées et entre celui qui s’adresse aux personnes issues de milieux défavorisés ?
Concernant les milieux aisés, on arrive à les toucher en passant par les ateliers destinés aux cadres des entreprises. Il y a la nécessité de changer nos imaginaires collectifs, car encore trop souvent certains associent le succès à la consommation. Concernant toutes les couches de la société, il est important de préparer l’acceptabilité des mesures en amont et aider les personnes défavorisées à s’adapter. Il faut expliquer clairement pourquoi on met en place une action, rassurer le grand public, recueillir des avis et des pistes d’amélioration pour ensuite remonter la voix citoyenne aux décideurs.
Quelles sont vos perspectives pour l’année 2024 ?
Notre ambition est de toucher un public encore plus diversifié et d’élargir nos partenariats avec les associations implantées dans les milieux qu’on souhaite toucher. De plus, on veut structurer et développer notre communauté d’animatrices et d’animateurs, en étant encore plus exigeant sur la qualité des interventions. On compte également agir auprès des collectivités avec des outils soulevant les enjeux et les actions concrètes d’adaptation et de résilience des territoires. Il y a enfin la volonté de notre part de développer des outils d’animation plus adapté aux juniors, jusqu’à 15 ans.
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